
Un projet multimédia en forme d’épopée plastique, musicale et performative
à partir des mots, images et questionnements oubliés-réactivés après la lecture du Peter Pan (1911) de J.M. Barrie
1. Éléments thématiques du Jamais-Jamais:
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Tous les pilotes ont, dans un endroit secret de la cabine de l’avion, une grande carte de ce qu’on appelle « Les Champs Éventuels » ; une carte complexe dans laquelle les vallées, les autoroutes, les terrains de football, les glaciers ou les plages ont été marqués comme des endroits possibles pour échapper au crash fatal quand la machine ne vole pas bien. En fait, des lieux pour un atterrissage forcé.
Nul doute que dans le monde où nous vivons, cette sorte de champs devraient être bien étudiés.
Certains savent (nous savons ?) que quelqu’un nous a appris à voler depuis longtemps et que nous volons maintenant très bien et très vite. Mais ce que nous avons oublié,́ c'est comment atterrir, comment descendre lentement, regarder le paysage, le comprendre et, après un glissement sans heurt, couper les moteurs.
- On embraye ?
- Quoi ?
- OK !
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L’étrange 2020 est du passé, 2021 aussi, les dangereuses 2022-23-24 sont parties, 2025 est très glissant et bientôt nous serons encore plus loin.
On crée des Faits ? On crée des Fées ? On crée des Fakes ?
On croit aux Fées ? On croit aux Faits ? On croit aux Fakes ? Il faudra savoir !
En tout cas, avant de savoir naviguer, on savait surfer. Maintenant on sait déjà voler… et très vite.
Ici…
• On sera dans la métaphore d’une société trouble lancée à vitesse exponentielle et ne sachant littéralement plus où atterrir. Mais veut-elle atterrir ?
• On sera face et dans un monde accro à l’indigestion. Accro au crash ?
• On sera dans un conte merveilleux habité par des éternels enfants ; créatures irrévérentes? Sûrement !
En fait, on sera dans la double négation du « Jamais-Jamais » pour mieux questionner les dangers d’un terrible « Toujours ».
Avec leurs « personnages » , Ruiz de Infante proposera des expériences performatives, spatiales, sonores et visuelles où l’énergie ambigüe qui émane du Peter Pan de Barrie nous entraînera vers un questionnement large de notre mémoire individuelle et collective. Elle nous ramènera à ce Never Never Land (ce Pays Imaginaire, ce Pays du Jamais-Jamais) où tout est toujours-toujours possible.
Enfants Perdus, Bateaux Pirates (sans drapeau), Crocodiles mangeurs de Temps, Sous-marins, Indiens, Fées et Faits seront au rendez-vous sous le bruit permanent de dangereuses Sirènes. Par contre, LUI (ce Peter qui, d’après les écritures, restera toujours jeune) ne viendra pas. .
Via les technologies audiovisuelles, un important travail sonore et un rapport très physique entre les interprètes-complices, ce projet (volontairement paradoxal) on l’imagine déjà comme une fiction presque aussi « spectaculaire » que la réalité telle qu’on nous la raconte.
Ici, les espaces, les objets, les machines, les images, les musiques et les corps semblent converser sans hiérarchies, dans un désordre sagement agencé.
Dans Jamais-Jamais les référents seront éclectiques (mythiques et populaires) mais toujours directement et indirectement en lien avec l’actualité médiatique de nos « crises ». Ici, les espaces seront construits, détruits et disloqués en permanence…
Dans Jamais-Jamais les ombres des corps choisiront leur temps autonome pour troubler passés, présents et prémonitions ; dans notre île les images seront souvent en trois dimensions (dans le sens strict et métaphorique du terme),
Aussi, ici, les musiques et les sons, chargées de sens et de mémoires, entraîneront nos personnages vers des accélérations, arrêts, glissades et chutes pour mieux leur faire partager un large vocabulaire gestuel plein d’aberrations sémantiques.
Au sein de ce projet, on questionne, parfois avec gravité, parfois avec humeur, la nécessité de provoquer des « changements de situation » dans une contemporanéité qui semble toujours-toujours vouloir tout perdre.
Pour cela faire, on prendra des positionnements souvent « amorales », dans le sens presque enfantin du terme hérité du Peter Pan de Barrie.

2. Modes opératoires : le feuilleton, la série… LES VOLS et autres actions
Jamais – Jamais est un spectacle multimédia en forme de « épopée musicale » pour 8 interprètes, dont on envisage la création en 2026.
Une œuvre ambitieuse dans la lignée de notre opéra contemporain Carmen // Shakespeare : La Totale (création Ruiz de Infante / Mesa 2019).
Mais l’aventure a commencé il y a longtemps déjà.
Depuis 2018, Francisco Ruiz de Infante et ses complices ont lancé la série des Vols : des temps de travail transversal ; une suite de performances, souvent créées in situ dans des contextes très variés, qui forment un feuilleton où sont partagées publiquement les « chapitres » de la future création scénique.
Ce dispositif est expérimenté depuis quelques temps dans divers contextes -festivals, expositions, forums, …-.
Pour la création de la pièce finale, ce chantier est comparable à la composition d’un grand puzzle.
Chaque Vol (acte scénique autonome), est créé et présenté dans un espace-dispositif habité par un, deux ou plus « interprètes » avec la possibilité d’inclure d’autres participants ad-hoc. Là, les facteurs thématiques du projet global avancent et une nouvelle feuille de notre feuilleton est partagé.
Chaque envolée de Jamais-Jamais constitue un voyage dans lequel des éléments dramaturgiques sont activés, interrogés et articulés avec la complicité des différents partenaires et surtout les « présences » (performeurs sur scène ou à distance).
Des images, textes, sons, ombres, objets, machines … et surtout des vocabulaires musicales et chorégraphiques, construisent des personnages et des histoires toujours-toujours disturbées par quelques « assauts d’actualité » en lien avec le temps présent de chaque présentation.
3. Les intrications du Jamais–Jamais

Dans la croissance du projet, et comme presque toujours dans les impulsions de la Cie Hors Champ // Fuera de Campo, les Vols performatifs se nourrissent d’autres axes de travail aussi importants : Les installations plastiques (expositions que nous appelons ici Îles), la réalisation d’ateliers de transmission-création (appelés Simulateurs de Vol), la production de publications -papier, vidéo, web- (appelés Traces d’aterrissage) et la réalisation de films.
Ces axes de travail conservent leur autonomie (conception, création, diffusion) mais ils sont intriqués au sein de l’écosystème global du Jamais – Jamais pour mieux générer des débats, accélérer la transversalité et entremêler les publics.




